LE PAYS DE FOIX DANS L' ARIÈGE Midi - Pyrénées départementes de France (1) les trois arrondissements d' Ariège (Foix, Pamiers, Saint Girons)
Le département de l’Ariège est créé le 4 mars 1790 à partir de deux territoires historiques: le Comté de Foix et le comté du Couserans. Couserans Habité depuis fort longtemps (en attestent les témoignages laissés par la civilisation magdalénienne), le Couserans passe sous l’autorité de Rome en 121 avant Jésus-Christ. La cité antique des Consorani, bâtie sur un promontoire dominant le Salat, la principale rivière du Couserans, a peut-être été fondé à la même époque que Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand de Comminges), par Pompée à son retour d’Espagne, en 72 avant Jésus-Christ. La cité connaît alors un essor parallèle à Lugdunum Convenarum l’autre ville importante de la Novempopulanie. La christianisation précoce du Couserans, au IVesiècle est attribuée à Valerius, le premier évêque de la cité. La montagne emblématique du Couserans porte son nom: le Mont Valier. Durant les temps troublés du Haut Moyen Âge, les invasions se succèdent dans le piémont pyrénéen, entre barbares venus du nord et Maures du sud. Lugdunum Consoranum est plusieurs fois attaquée. Elle doit d’ailleurs son nouveau nom de Saint-Lizier à l’un de ses défenseurs, un certain Licerius, évêque d’origine portugaise, au VIesiècle. L'expression comté de Couserans est très ancienne, sans qu'on puisse la dater exactement. Bernard Roger de Foix, comte de Foix, s'intitule comte de Couserans à partir de 1012. Comme partout dans le massif pyrénéen au Moyen Âge, l’évêché du Couserans affronte les convoitises et les ambitions des puissants féodaux voisins, les Comtes de Comminges, de Foix, ou de Pallars. Mais les évêques parviennent à maintenir l’unité de ce petit pays, et favorisent la construction et l’ornementation des édifices religieux, dès l’époque romane et tout au long des siècles jusqu’à la suppression du diocèse à la Révolution. Comté de Foix Dépendant de la civitas Tolosana, le futur comté de Foix fut évangélisé au IIIe et au IVe, siècle par les successeurs de saint Saturnin et incorporé, au diocèse de Toulouse dont il ne fut séparé que neuf cents ans plus tard. Le comté de Foix comprenait depuis le XIIIe siècle la vallée de l'Ariège, de l'Hospitalet au confluent de l'Hers. A l'Est, il avait perdu la seigneurie de Mirepoix (cantons actuels de Lavelanet et de Mirepoix) et le Donezan (canton de Quérigut). A l'Ouest, il s'étendait jusqu'aux limites des cantons actuels de Vicdessos, Foix, La Bastide-de-Sérou et renfermait la majeure partie des cantons du Mas-d'Azil et du Fossat et quelques communes de la Haute-Garonne vers Montesquieu-Volvestre. Le pays formait anciennement une sénéchaussée comtale (siégeant à Foix), et seize châtellenies (Foix, Mérens, Ax, Montaillou, Lordat, Castelverdun, Quié, Tarascon, Saint-Paul-de-Jarrat, Montgaillard, La Bastide-de-Sérou, Camarade, Le Carlat, Saint-Ybars, Saverdun et Varilles). On doit y ajouter les cours de Mazères et de Pamiers, paréages entre le comte d'une part, l'abbé de Boulbonne et l'évêque de Pamiers de l'autre, et le lieu de Lézat qui ne relevait d'aucune châtellenie. La plupart de ces petits pays appartenaient, vers la fin du Xe siècle, au comte de Carcassonne, Roger le Vieux, et furent par lui attribués à son fils cadet, Bernard, qui prit, étant de famille comtale, le titre de comte et fonda ainsi une nouvelle principauté dans le midi de la France.
Le nom de Foix, "fuxum", est mentionné pour la première fois dans un texte de l’an 507, à propos du martyre de saint Volusien : le corps de ce dernier, mutilé entre Foix et Varilhes, fut déposé dans un oratoire, lequel était alors érigé à remplacement de l’actuelle église de Saint-Volusien. Le château proprement dit ne semble pas avoir déjà existé à cette date, la plupart des forteresses de la contrée ayant été édifiées après la mort de Charlemagne et à partir de la seconde moitié du IXe siècle. D ’après une charte de l’an 867 l’abbaye de Saint-Volusien, toute proche du roc, était déjà protégée à cette époque par des fortifications qui pouvaient constituer une première ébauche de la forteresse. L’histoire du château ne commence qu’avec celle de la dynastie comtale, mais on peut affirmer que ce château fut construit dans le courant du Xème siècle, avant 982. A à cette date le pays de Foix était compris dans les vastes domaines de Roger 1er de Carcassonne, dit Roger le Vieux, en raison du grand âge qu’il atteignit. Il était issu de la puissante famille des comtes de Comminges, et il devint possesseur des comtés de Carcassonne et de Razès, ainsi que du Sabarthez (ou haute vallée de l’Ariège), par son mariage avec l’unique héritière de ces domaines. Dans son testament qu’il fit en 1002, ce Roger 1er de Carcassonne partagea ses possessions entre ses trois fils dont l’un, Roger Bernard, reçut les pays de la région de Foix, dont le castrum est expressément désigné. Or, on relève dans les annales de Foix que ce même Roger le Vieux fit, en 982, un voyage à Rome, à l’issue duquel il eut un différend avec Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, au sujet de l’érection de la terre de Foix en seigneurie, ce qui laisse supposer que le château devait déjà exister. De plus, les bénédictins auteurs de « L’Histoire du Languedoc », analysant le testament de Roger 1er Vieux, déclarent que « l’union de ces divers pays (de la contrée de Foix) donna l’origine du Comté de Foix, origine qu’il faut prendre, non pas de ce que ce domaine avait le titre de comté lui-même... mais de ce que le château de Foix en était le chef-lieu... » En 1034, avec le comte Roger I de Foix, le château devient chef-lieu du Comté et joue un rôle déterminant dans l’histoire militaire médiévale. Durant les deux siècles suivants, le château abrite des comtes aux personnalités brillantes qui furent l’âme de la résistance occitane pendant la croisade contre les Albigeois et leur Comté devint le refuge privilégié des cathares persécutés.
voir plus bas division de l' Ariège par arrondissements
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À partir du premier donjon, on perfectionna le bâtiment. Le premier sceau comtal connu, celui de Raimond-Roger (1188-1223), comte de Foix au début du XIII siècle, comporte sur une de ses faces un dessin très symbolique du château de Foix. Il comportait une deuxième tour carré (actuelle "tour du milieu") et un grand bâtiment qui reliait ces deux tours. Ce bâtiment semble avoir possédé au moins deux étages et fut certainement très différent de ce qui subsiste aujourd’hui. Notons qu’au XIIIe siècle, les deux tours du château n’avaient pas de toitures. À cette époque, le château formait une résidence spacieuse pour le Comte, sa famille, ses proches et ses hommes de guerre. À cette époque, le château dut subir les attaques des croisés lors de la croisade contre les Albigeois (1208-1249). En 1211, le chef des croisés Simon de Montfort met le siège devant Toulouse mais ne parvient pas à prendre la ville. Il décide donc de ravager le Comté de Foix voisin et allié de la maison Toulousaine. Mais les croisés ne pénètrent que peu dans le Comté de Foix. Ils installent leur quartier d’hiver à Pamiers et opèrent quelques razzias jusqu'à Foix. Mais le château lui même ne fut pas inquiété par ses opérations de faible envergure qui touchèrent surtout les faubourgs de Foix. Le Comté de Foix fut relativement épargné par la croisade dont l’issue fut fatale pour les comtes de Toulouse. Le traité de Meaux-Paris en 1229 amputa le Comté de Foix sur sa frange Est, en isolant une seigneurie de Mirepoix et en occupant des positions éparses. En 1241, Roger IV devint comte de Foix à la mort de son père Roger-Bernard II. Sentant que la situation devenait défavorable, il refusa pour la première fois depuis le début de la croisade son soutien militaire au comte de Toulouse, en 1242, précipitant ainsi l'échec de sa dernière révolte. Roger IV se tint éloigné de l'affaire de Montségur. Le château ne fut pas construit entièrement au sommet du rocher, comme on serait tenté de le croire, mais sur ses flancs, près de l’actuel Palais de Justice. Les trois tours qui se campent fièrement au faîte, furent édifiées plus tard. Sur les pentes du roc, à l’est, au nord et à l’ouest, étaient des postes d’observation dont la base portait des meurtrières s’ouvrant entre deux bancs de pierre du côté de la ville. Ces avant-postes étaient reliés à une muraille d’enceinte en courtine hérissée de créneaux. Au-dessous des créneaux, des trous carrés, percés de distance en distance, recevaient des hourds sur lesquels, en cas de guerre, on dressait une sorte de galerie couverte. Ce mur circulaire défendait la plate-forme où se dressent aujourd’hui les tours. Celles-ci sont au nombre de trois. La fin du Moyen Âge fut un temps d’aménagements importants et encore visibles. On entoura la tour de l’Arget d’une chemise probablement à l’époque du conflit entre Roger Bernard III (1265-1302) et les rois de France et d’Aragon. On perfectionna la "tour du milieu", voûtant les plafonds peut être au début du XIVe siècle comme semble le suggérer le sceau d’Eléonore de Comminges, femme de Gaston II (1315-1343), comte de Foix et mère de Gaston Fébus, placé sur la clé de voûte du premier étage. On ajouta aussi une barbacane et des châtelets sur l’accès donnant sur l’extérieur de la ville, du côté de la route de St-Girons. Le premier châtelet commandait deux échauguettes surveillant la montée. Le châtelet supérieur renforçait une barbacane et la défense des lices, première plateforme intérieure du château. Les deux donjons furent dotés d'un crénelage. Mais surtout, on construisit une troisième et dernière tour durant la première moitié du xve siècle. Cette "tour ronde" fut d'emblée conçue comme un bâtiment voué à la résidence plus qu'à la défense : porte au rez-de-chaussée alors que les tours militaires ne connaissent aucune ouverture avant le premier étage, fenêtres largement ouvertes, cheminées et conduits indépendants sur quatre étages, latrines avec conduit d'évacuation, plafonds voûtés. La tour ronde fut un travail d’architecture complexe et coûteux qui fut entrepris sous le règne de Gaston Fébus. Ce dernier, comte de Foix très puissant de 1343 à 1391 gagna à Launac en 1362 une importante bataille contre la maison rivale d’Armagnac qui lui disputait son héritage de Béarn. Beaucoup de grands seigneurs du Sud-Ouest furent fait prisonnier par les Fuxéens au cours de la bataille et Fébus les fit enfermer au château de Foix en attendant que leurs familles et leurs proches puissent acquitter les rançons qui permettraient de les libérer. Ainsi les comtes d'Armagnac et de Comminges, les seigneurs d’Albret, Jean de la Barte, les seigneurs de Pardalha furent enfermés quelques mois dans les prisons du château de Foix avant d’être transférés vers Pamiers puis vers Mazères pour assouplir leur détention. C’est sans doute avec l’argent des rançons que Fébus réalisa de nombreux travaux et aménagements dans les châteaux qu’il possédait dont celui de Foix. La "tour ronde" mesure 32 mètres de haut et ses murs atteignent 4 mètres d'épaisseur. Pour être plus facilement aménagées, les salles sont de plan hexagonal et s’affranchissent de la forme ronde de l’extérieur de la tour. Pour en faire un bâtiment somptueux, on utilisa même des pierres taillées dans une carrière de grès a quelques kilomètres de Foix alors qu’il était plutôt d’usage dans la région de tailler directement les rochers où étaient bâtis les châteaux. Le grès peut être ouvragé beaucoup plus finement que le calcaire du rocher de Foix, il peut même être scié très régulièrement. Pourtant malgré ses aménagements, les comtes de Foix devenus vicomtes de Béarn, de Marsan et de Gavardan et qui vivent à Orthez, délaissent de plus en plus le château lorsqu'ils viennent séjourner dans le pays de Foix, au profit du château de Mazères et du palais des gouverneurs (l'actuel tribunal) situé en contrebas. A la mort de la reine Leonor I de Navarre (1426-1479-1479) son petit fils François Febus (1467-1479-1483), comte de Foix, devient roi de Navarre. A la mort peu après de celui-ci, sa soeur Catherine va devenir reine de Navarre, comtesse de Foix et dame de Béarn. Son arrière-petit-fils Henri III de Navarre - devenu en 1589 Henri IV de France - annexe en 1607 ses terres pyrénéennes à la France. Siège du gouverneur du Pays de Foix depuis le XVe siècle, le château continue à assurer la défense du Pays, notamment pendant les guerres de religion. Après l'ordre de rasement de Richelieu (1632-1638), le château faillit être démoli mais la décision ne fut jamais appliquée. À cette époque, nombre de châteaux furent rasés car il était trop coûteux de les garder et ces bâtiments pouvaient se révéler dangereux si on ne les contrôlaient pas. C’est ce qui va arriver à un dizaine de châteaux dans la vallée de l’Ariège (dont ceux de Pamiers et de Mazéres). En 1635 commença, dans le cadre de la guerre de Trente Ans, une guerre contre l’Espagne qui aboutit en 1659 au Traité des Pyrénées et on retrouva une utilité au château de Foix proche de la frontière tout en oubliant l'ordre de démolition. L’ouvrage fortifié demeura ainsi une garnison jusqu’à ce qu’au milieu du XVIIe siècle on commence à y installer plus ou moins régulièrement des prisonniers. Le château avait déjà servit de prison au Moyen Âge. Mais un espace réduit était à cette époque dévolu à cette fonction. À partir du XVIIIe siècle et surtout au début du XIXe siècle, le château et ses tours furent entièrement transformés en prison. À la Révolution, lors de la création du département de l’Ariège, ce pénitencier devint départemental. La fonction de prison conduisit à de nombreuses modifications architecturales du château. Des grilles furent posées sur les ouvertures, des portes de cellules solides furent installées avec des serrures efficaces. On construisit de nouveaux bâtiments sur les terrasses Est pour y abriter l’administration pénitentiaire. Les prisonniers gravèrent des graffitis sur les murs de leurs cellules et on peut encore les observer dans les différentes salles de la tour ronde qui servait de cachots. Au début du XIXe siècle, les détenus étaient une petite centaine, leur nombre atteint presque 200 en 1859. On finit donc par construire une prison moderne dans la ville de Foix et l'on déplaça les prisonniers, créant en 1864 et pour une courte durée un dépôt de mendicité sur le site. Depuis 1930, le château abrite les collections du musée départemental de l’Ariège. Dates dans l' histoire du château : * La préhistoire a laissé quelques traces des magdaléniens dans les grottes de ce roc calcaire.
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